Râler = un besoin non satisfait

January 07, 2021


Cet article fait partie d'une série 
Rendez-vous en fin d'article pour le sommaire complet ! 
 

Râler, nous l'avons vu, est une sorte de réflexe conditionné, d'habitude. À aucun moment, face à un défi de la vie, nous décidons sciemment de râler - pourquoi le ferions-nous d'ailleurs, cette "stratégie" se révélant toujours inefficace et profondément insatisfaisante ... ?

Sauf que ... J'ai beau savoir cela ... Le fait est là : je râle. 😊
 
La question devient donc :  Pourquoi je râle ?

Et la réponse de Christine Lewicki est aussi simple que complète.
 
Je râle parce que j'ai un besoin non satisfait. 
 
Je râle parce que j'ai quelque chose de très important à exprimer ! 😄

Seulement voilà :  si j'exprime mon précieux besoin en râlant, j'éloigne les autres de moi. Je m'assure, ce faisant, de ne pas être entendue du tout. S'exprimer en râlant, c'est se garantir de ne pas être entendu(e) !!

(Lorsque j'ai décidé d'arrêter de râler, je me suis demandée si cela ne m'arrangeait pas, finalement, de ne pas être entendue. Oui, car comme ça, j'ai encore, et encore, une occasion de me plaindre, n'est-ce pas ?

Ce petit défi semble innocent au premier abord ... Hi hi. 😅)
 
Cesser de râler, comme ça, du jour au lendemain, est à mon avis, impossible. Pour y parvenir, il faut cheminer, et passer par une (longue) phase d'acceptation : j'accueille la râlerie qui pointe dans mon cœur et sur mes lèvres, et je la prends pour ce qu'elle est : un indice. L'indice d'un besoin non satisfait. Lequel ? Si identifier mon besoin de l'instant est difficile, il existe des outils concret pour y parvenir, par exemple des liste objectives et complètes élaborées par des psychologues.
 
Ce premier pas fait, au suivant !  Il s'agit de demander de la reconnaissance. Personne ne peut deviner mes désirs et mes besoins si je ne les exprime pas, pas même l'amour de ma vie, pas même la chair de ma chair ou mon meilleur ami. Mes proches ne sont pas devins, et c'est à moi de leur dire ce dont j'ai besoin juste là maintenant.

"Ma mère participait un jour à un séminaire dans lequel des femmes parlaient de la crainte qu'elles éprouvait à exprimer leurs besoins. Elle se leva soudain et quitta la pièce. Lorsqu'elle réapparut enfin, elle était très pâle. 
- Tu te sens bien, maman? lui demandai-je devant tout le groupe.
- Oui, répondit-elle, mais je viens de réaliser quelque chose et cela m'est très pénible. 
- De quoi s'agit-il? 
- Je viens de prendre conscience que j'en ai voulu pendant trente-six ans à ton père parce qu'il ne comblait pas mes attentes, et je me rends compte seulement maintenant que je ne lui ai jamais dit clairement ce dont j'avais besoin."

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Marshall B. Rosenberg

 
À présent, faisons un petit pas de plus. 
 
Mon besoin est important - mais pas primordial. Je veux dire en cela qu'il ne prime pas sur les besoins des autres. Mon conjoint et mes enfants ne sont pas des marionnettes dévouées à me satisfaire. J'éprouve le besoin de me détendre après ma journée de travail ? Eux aussi. Et certainement, pas de chance, au même moment que moi. Cela ne nous dit pas qui va placer le couvert ce soir, cette histoire. 😅

Et si la bienveillance, c'était, simplement, la prise de conscience que mon point de vue n'est pas la vérité absolue ... ?
 
En remplaçant les râleries, qui séparent, par la communication (expression et acceptation des besoins de chacun) qui relie, je sème des graines qui enrichissent durablement ma relation avec mes proches. Au passage, je me fais du bien (exprimer mon besoin défoule plus sûrement que de râler !) et j'ai accès à l'autre, et à tout ce qu'il y a de beau en lui.

Et peut-être même que ce faisant, le couvert se sera placé ... "tout seul". 😉

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4 comments

  1. Anonymous19:38

    J'adore ces articles, je pense acheter le manuel parce que oui je râle même si moins que mon mari et mon fils et surtout moins qu'il y a quelques années. Avant je râlais sur tout maintenant c'est limité au chien, poils, ménage, faire les repas, manger, le bazar... oula!!
    Je retiens cette phrase "Et si la bienveillance, c'était, simplement, la prise de conscience que mon point de vue n'est pas la vérité absolue ... ?" J'essaie de l'appliquer dans ma vie et cela demande une remise en question permanente mais surtout cela rend tellement plus empathique d'imaginer le point de vue de l'autre.
    J'ai hâte de lire la suite parce que par exemple j'explique clairement mon besoin (avoir une maison propre et ordonnée) , ce n'est pas le même que les autres membres de ma famille (qui s'en foutent)
    Justine Eff

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    1. Coucou Justine,

      Ha, je suis contente d'avoir un retour sur ce genre d'articles, et je suis contente si cela plait, car je sors clairement de ma zone de confort, là ! :-D Mais je trouve important d'échanger sur ce genre d'expériences, tellement nodales dans nos vies ... ;-)

      Concernant ton besoin d'avoir une maison propre et rangée, on peut dire que nous avons deux types de besoins : ceux qui peuvent être résolu sans l'aide de personne (je suis fatiguée -> je me couche plus tôt) et ceux qui nécessitent une certaine collaboration (j'ai besoin d'une maison rangée -> il faut qu'on s'y mette tous). Le deuxième cas est plus compliqué, car il faut réussir à le communiquer et à "convaincre" les autres de m'aider !

      Ton besoin d'ordre est important, ce n'est pas en essayant d'ignorer le bazar que tu seras heureuse. ;-)

      Lorsque je cherche des solutions à ce type de problème, je trouve qu'elles se résument souvent à un problème de communication. Ici : comment communiquer mon besoin, comment me sentir entendue et soutenue ?

      Le livre de Marshall B. Rosenberg (Les mots sont des fenêtres) que je cite dans cet article est la bible en matière de communication, je trouve. Il explique que si on veut communiquer de manière à être entendu, il y a 4 étapes à suivre :

      1. Description de la situation ("Je vois tous les jeux de société sortis de leur boite et étalés par terre au salon")
      2. Expression du sentiment ("Je me sens découragée et triste, car j'ai passé beaucoup de temps à ranger aujourd'hui")
      3. Expression du besoin (J'ai besoin d'ordre pour me sentir bien et être la Maman géniale que j'ai envie d'être avec toi.")
      4. Demande ("Est-ce que tu peux remettre ces jeux dans leurs boites, et les boites dans le meuble, avant le dîner ?")

      Si l'autre répond non (c'est son droit !), on ne lâche pas l'affaire : "Je ne vais pas nier mon besoin, il faut qu'on trouve une solution. Aurais-tu une autre idée ? Pas question que je te force à quoi que ce soit si tu n'es pas d'accord. Je suis sûre qu'on peut être créatif et trouver un arrangement."

      Les enfants sont généralement très forts pour trouver des "arrangements" : "Maman, je préfère que tu ranges les jeux, MAIS moi je place le couvert ET je vais chercher des bûches dans la remise."

      Tu sais sans doute déjà tout cela ... Dans ce cas, pardon pour le pavé, mais écrire tout cela me sert de piqûre de rappel à moi aussi !! :-D

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  2. Bonjour Elsa
    Je suis depuis le début cette série d articles qui me turlupine ;) (notamment avec le fait que ce serait surtout les femmes concernées par la râlerie)
    Je prends conscience de pas mal de choses, et en même temps j'ai l'impression que même si j ai exprimé mon besoin, il n'a pas été entendu et donc finalement je me sens d autant plus blessée. Et exprimer ma blessure ne modifie pas les choses non plus, donc je finis par me résigner en minimisant mon besoin et ma blessure - or je ne pense pas que ce soit l idée...
    Mais peut-être que les prochains articles me donneront d'autres clés !
    Merci en tout cas de partager tout ça avec nous
    Bon week-end!

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  3. Merci Elsa pour tous ces partages! J'adore cette série. Elle me fait beaucoup réfléchir... Il faut dire que j'ai toujours été une râleuse invétérée... (A ma décharge, j'ai grandi à Genève et les Genevois sont bien connus pour être des râleurs nés... Ha ha ha!)

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