Caché... Coucou !

January 24, 2013

Antonin en août 2012

Ce soir, je voulais vous parler du plus vieux jeu du monde... Non que j'ai la prétention de vous apprendre quelque chose à son sujet, ni de vous expliquer comment le mettre en oeuvre ! Je pense qu'il s'agit du jeu le plus instinctif qui soit, communément appelé le jeu du "Caché - coucou".

L'instinct maternel est bien fait. Comme le faisait remarquer Elisabeth dans son commentaire à cet article arrive un temps où le bébé réalise qu'il a une identité propre, et vit par contre-coup la fameuse "angoisse de la séparation". On situe cette  prise de conscience autour de 8 mois, mais elle peut survenir aux alentours des 5 - 6 mois chez certains bébés "précoces", dont la mère a été en souffrance durant la vie intra-utérine, ou qui ont subi une séparation à la naissance pour cause d'hospitalisation, par exemple. Le temps de la fusion s'achève, l'enfant se distingue des personnes qui prennent soin de lui et se sent exister pour lui-même. Et parallèlement, c'est souvent le moment où, très instinctivement, les parents mettent en place ce petit jeu.

Car c'est également l'âge où le bébé développe son sens du comique ! Très tôt, Louiselle m'a étonnée dans sa capacité à s'esclaffer des pitreries (surtout si elles émanent de son frère...). Elle sait depuis longtemps qu'un geste, une grimace ou un cri peuvent être drôles, quand ils dénotent d'avec ceux que nous produisons dans le cours habituel et sérieux de notre petite existence. Et ne se prive pas d'en rire.

Faire rire son bébé... Quel bonheur ! C'est donc tout naturellement que nous proposons ces petites situations dont le succès est garanti : nous cachons notre visage dans nos mains, puis nous les ouvrons, après un temps plus ou moins long, sur des mimiques variées, en nous exclamant : "Coucou !".

Notons ici qu'il est bon, au moins au début, ou dans le cas de ces bébés qui auraient, du fait de leur vécu, une angoisse plus profonde de la séparation, d'accompagner le moment où l'on est caché en gardant le contact grâce à la voix : "Oh ?! Je suis où ? Je suis où ?... COUCOU ! Je suis là !". Car la frayeur de l'enfant est réelle lorsque le visage aimé disparait (et il s'agit bien d'un soulagement quand il réapparaît), et si le jeu lui permet d'apprivoiser justement cette peur, il ne s'agit pas non plus de produire l'effet inverse. La réaction de notre enfant, de toute façon, nous guide assez sûrement dans les mots à employer et les mimiques à adopter au cours de ce jeu...

J'ai vécu - je vis encore - d'intenses moments de bonheur avec mes enfants grâce à ce petit déroulé tout simple. "Caché ?? Où je suis ? Mais je suis où ??... COUCOU !". Cela paraitrait certainement ridicule à quiconque n'a pas été parent, mais je revois comme si c'était hier Antonin à quelques mois, allongé sur son petit tapis, et frétillant de délices, son bout de langue sifflant de joie anticipée entre ses lèvres, les yeux arrondis comme des billes : "Attention !! Attention !!???... COUCOU !!!" Et son rire !!... C'est Louiselle aujourd'hui qui en redemande, le corps tendu, hilare avec son unique petite dent qui pointe, prête à sursauter, à exploser de gaieté...

Que du bonheur, hein ? Et puisqu'on vous dit en plus que cela accompagne le développement personnel de l'enfant, qu'il s'assure ainsi que la personne qu'il aime continue d'exister même quand elle disparait, qu'il appréhende et vérifie la notion de permanence des objets et des êtres, qu'il prend ses distances, apprend, tout doucement, à se séparer, construit sa sécurité intérieure...

Oui, décidément, l'instinct maternel est bien fait... 😉

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2 comments

  1. Cibou12:42

    Caché...Coucou : de bons moments en effet.

    Maintenant que mes enfants sont un peu plus grands (3 et 5 ans), ils prennent maintenant plaisir à se cacher.
    C'est devenu un rituel depuis quelques semaines pour le plus grand qui se cache tous les soirs dans son lit avant qu'on vienne lui faire un dernier bisou... Il joue tous les soirs le même jeu, bien sûr nous jouons le jeu avec lui et il finit toujours par ne pouvoir étouffer un éclat de rire qui nous permet de découvrir sa cachette.
    C'est très agréable aussi, d'autant plus qu'on le voit du coup se coucher, content de lui, avec un grand sourire...

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    1. Bonjour Cibou !
      Merci pour ce petit récit ! ;-) Meugnon !

      Et oui, finalement, quand les "grands" jouent à cache-cache, ils continuent de construire leur relation à l'absence et à la présence, ce n'est qu'une variation du même concept ! ;-)

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