Cet article fait partie d'une série
consacrée au défi de Christine Lewicki
Rendez-vous en fin d'article pour le sommaire complet !
❤
L'idée que je voudrais partager avec vous aujourd'hui est un peu particulière. Vous ne la trouverez pas chez Christine Lewicki, pour la simple et bonne raison qu'elle est issue de mon propre cheminement. Un cheminement bien plus large que notre réflexion sur la râlerie, d'ailleurs, mais qui m'aide dans tous les domaines de mon quotidien - y compris quand il s'agit d'arrêter de râler. 😊
Je vous préviens : la pensée du jour n'est pas facile à exprimer pour moi, et elle ne sera certainement pas facile à saisir pour vous ! Il s'agit de "retourner" son esprit comme un gant, de changer de perspective, et je comprendrais très bien que vous ne voyiez pas de quel point de vue je me place ... Je vais essayer néanmoins de m'exprimer clairement ! 😅
Si je râle contre quelqu'un, ce n'est pas parce qu'il a fait quelque chose de "mal". C'est
parce qu'à ce moment, je voudrais qu'il soit différent.
On peut
inverser la situation afin de mieux la comprendre : si quelqu'un de mon entourage (un collègue, par exemple) ne m'aime pas, ce n'est pas
parce que je suis "mauvaise", mais parce qu'il voudrait que je sois autre.
C'est le filtre qu'il pose sur son monde qui génère sa propre
souffrance - car en un sens, il souffre que je sois ce que je suis ! 😅
De
même, ma propre impatience ou exaspération reflète mon attachement à ce que l'autre se conduise différemment. C'est particulièrement éprouvant dans la vie parentale, car il est dans l'essence de l'enfant de ne pas "coller" au comportement qu'on attend de lui. Dans ce contexte, mes propres attentes ne seront jamais satisfaites, elles ne peuvent l'être - et ce sont mes propres attentes qui créent mon tumulte intérieur, et non les actes ou les paroles des autres qui sont, en soi, ni "bonnes ni "mauvaises", mais qui sont, tout simplement.
Dans ma relation à mes proches, c'est moi qui génère ma propre souffrance, parce que je forge des attentes ("J'aimerai que mon enfant soit bon élève ...") et des croyances ("Dans la vie, il faut être responsable
...").
Quand j'éprouve de l'exaspération, de la contrariété, de la colère ou de la peine, c'est le signal que je souhaite qu'une chose soit différente de ce qu'elle est. À ce moment précis, je résiste à "ce qui est" ! En identifiant ce à quoi je suis "attachée" (comme on dit ! 😶), je remets mes valeurs à leur juste place : ce sont des valeurs, rien de plus ! Il n'y a rien ici qui me caractérise en propre, et rien qui soit assez puissant pour m'atteindre et me faire souffrir.
Le jour où j'ai compris que je générais ma propre souffrance à travers mes attachements fut le plus grand moment d'éveil de mon existence, sans blague ! 😂
J'ai bien conscience que c'est une idée totalement incompréhensible tant que ne l'a pas élaborée de l'intérieur, et j'ai l'habitude de me heurter à des objections ! N'hésitez pas à vous lâcher en commentaires !! 😄
Je précise néanmoins qu'il ne s’agit pas, ce disant, de
dédouaner qui que ce soit (ni le râleur, ni la personne qui le fait râler) de la
responsabilité de ses actes. Je ne suis pas en train de dire que nous devons sourire et approuver en voyant un de nos enfants frapper l'autre, par exemple !
- D'abord parce que rien ne m'empêchera de me sentir ... blessée si quelqu'un ne respecte pas mon travail ...
furieuse si j'assiste à un acte de violence ... triste si je subis une moquerie, etc. "Les poissons nagent, les oiseaux volent, et l'homme ressent", dit Haim Ginott. On ne pourra jamais nous empêcher de ressentir et là n'est pas le propos !
- Ensuite parce qu'il est dans dans notre condition humaine de modifier le monde par nos actes. Oui, nous donnons un cadre disciplinaire à nos enfants, oui, nous refusons la violence ordinaire sur notre lieu de travail, et oui, nous œuvrons dans la mesure de nos petits moyens pour un monde plus juste. Il ne s'agit pas de dire que rien n'a d'importance et qu'il ne nous reste qu'à croiser les bras.
L'idée principale est qu’il est possible d'interrompre mes réactions habituelles (râleries et compagnie) en prenant du recul et en constatant combien elles découlent de mes propres attachements. Je m'arrête un moment pour changer de mode. Ma gêne, mon irritation qui nait en réaction au comportement d'autrui, vient d'une assertion cristallisée en moi ("On est gentil dans la famille.") qui se trouve contrariée face à un fait objectif ("Un de mes enfants est en train de frapper l'autre."). Il y a une sorte de "bug" si vous voulez, une distorsion : le réel contredit une de mes croyances profondes et c'est tellement insupportable que je pars en vrille.
Que faire ?
Changer le réel, ou prendre du recul sur mes attentes ?
Changer le réel est impossible. Ce qui est, est. Même si c'est extrêmement désagréable.
Prendre du recul sur mes attentes, par contre, est en mon pouvoir. Si je m'arrête, face à un sentiment négatif, pour me demander : « Quelle est cette exigence EN MOI qui ME contrarie tant ? », je me réapproprie complètement ce qui se passe. Tout se joue en moi, dehors il n'y a rien - rien que ce qui est. Plus de coupable, plus de "méchant". Je deviens spectatrice du scénario de ma vie. Je réaffirme mes attentes sans m'y identifier : "Je me sens très mal car il y a en moi l'idée que nous devrions nous respecter les uns les autres." L'existence et ses faits fluctuants cessent de me définir ; j'appréhende ma vie comme une suite d'évènements à mettre en relation avec mes besoins ou mes convictions de l'instant. Parfois, il y a adéquation, parfois non. Rien qui mérite de générer des sentiments négatifs. Rien qui ne puisse entamer mon bonheur, car je ne dépends de personne pour me sentir bien ou mal.
Le sentiment négatif se trouve "traité", en quelque sorte. Je peux alors agir (ou pas, en fonction de la situation), et passer à autre chose.
Dites-moi si je me fais comprendre ? 😅
4. Arrêter de râler, c'est ludique !
7. Râler, c'est résister au réel