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Monday, June 27, 2022

Être contre toi, je suis pour !

 
 
Avec les bébés, c'est spontané : nous nous touchons. Mais au fil du temps, combien de contacts physiques sont petit à petit remplacés par des demandes, des informations et des conseils ? La relation se déplace du corps à la tête. On produit de plus en plus de lois, de moins en moins de liens. Est-ce que l'intimité physique s'érode, quand l'enfant grandit ?
 
Il y eut le peau à peau, le portage, le nourrissage au corps à corps.
 
Aujourd'hui, nous cododotons ponctuellement - pour le plaisir - et lisons, lovés-serrés au fond du canapé douillet tous les jours. Mes deux enfants (10 et 11 ans) s’assoient encore spontanément sur mes genoux pour un gros câlin, et j'espère que cela durera toujours. Est-ce que cela dure toujours ? Derrière ce désir, il y a mon besoin à moi, celui de la mère qui a besoin d'être rassurée dans son intégrité - je suis une sorte de matrice sur pattes, haha, englobante et contenante. Le toucher est le seul sens réflexif, qui profite au toucheur comme au touché ... 😏

Le vrai challenge est de rester en contact aussi longtemps que nos enfants ont besoin d'être touchés par nous. Le langage courant est d'ailleurs explicite. Ne dit-on pas : "Vous êtes proches" ou "Nous avons perdu le contact" ?

Antonin m'a appris dès sa naissance que le contact physique est une véritable thérapie émotionnelle. Face aux émotions débordantes, mais aussi à la maladie, quand "rien ne va plus", quand je me sens dénuée de mon rôle, impuissante, le câlin est notre remède universel. Oh, dans notre cas, il est souvent précédé d'une sorte de lutte molle, très symbolique d'ailleurs, mais la lutte, c'est du toucher aussi. C'est amusant, du reste, car cette phase de résistance tend à disparaitre au fur et à mesure que les forces physiques de mon fils s'accroissent ... Il ne veut pas risquer de parvenir à me repousser ! 😄 Il m'a d'ailleurs dit un jour : "Quand je ne vais pas bien, je fais tout pour écarter les autres, mais c'est parce qu'en fait, j'ai vraiment besoin qu'on vienne vers moi."

(Ceci est notre expérience à nous, mais je sais que certains enfants refusent vraiment d'être approchés en cas de crises. C'est évidemment un besoin à respecter, comme le décrypte cet article de Apprendre à éduquer.)

En tous cas, dans ces cas-là, c'est le contact qui me rend pleinement mon rôle. Je n'ai pas la solution, je ne peux pas guérir, mais dans la parenthèse de tendresse, je redeviens juste un parent - tout simplement. ❤

11 comments:

  1. Manaelirose07:29

    Oui je pense que cela peut durer toujours. Je me souviens très distinctement d’un soir où Elisa, mon aînée, alors âgée de 6 ans, me faisait un câlin sur son lit.
    Et je lui avais dit : un jour quand tu seras une ado, tu ne voudras plus que je te fasse des câlins. » et elle m’avait répondu « ah non je ne pourrai jamais me passer de tes câlins ».

    Aujourd’hui elle a 19 ans, Rose en a 16 et nous nous faisons quotidiennement des câlins.

    Mais elles m’ont dit être surprise de constater que la plupart de leur amis n’ont plus de contacts de tendresse avec leurs parents.

    Il s’agit donc d’un lien fragile qu’il faut préserver et entretenir car il peut facilement se distendre.

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  2. Clémentine07:29

    Merci pour ce beau texte Elsa qui me parle beaucoup. Je me pose la même question, parfois je demande à mon fils s'il viendra toujours sur mes genoux quand il sera grand. J'en profite à fond...

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  3. Les lectures d'Azenor07:30

    Tellement juste 🤍

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  4. Maryn07:31

    Tellement ❤️

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  5. Sabine07:31

    Antonin a une grande intelligence émotionnelle !

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    1. Pour le meilleur et pour le pire... 😂

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  6. Quand je serai grande07:36

    Ce post me parle et me touche particulièrement.. merci pour ce beau moment

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  7. Elodie07:37

    Je me souviens de mon émotion de voir mon beau-frère (alors jeune adulte) sur les genoux de ma belle-mère ... mon fils n'avait que quelques mois et je me suis dit "c'est possible", une vraie bouffée d'espoir de pouvoir garder de ce contact, dont je découvrais le besoin viscéral ❤

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    1. Elodie07:38

      Dans ses (rares) moments de colère mon fils (6 ans et demi maintenant) refuse tout contact. J'ai plusieurs fois essayé de le contenir, en pensant aux expériences que tu décrivais avec Antonin ... mais j'ai bien dû me résoudre à lâcher-prise, le laisser prendre la distance dont il a besoin dans ces moments, pour mieux revenir quand la colère redescend et qu'il a invariablement besoin d'un gros câlin ☺

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  8. mannecyt07:40

    Cela me fait penser aux dessins de Margaux et Pacco ! Ils ont imagé les câlins entre les parents et leurs enfants du bébé à adulte... Très très chouette. (Voir "les câlins avec mon fils" et "les câlins avec ma fille")

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  9. Vaste sujet chez nous. Le dernier est hyper câlin. Le toucher est un de ses langages d'amour ( Gary Chapman) et c'est essentiel pour qu'il soit bien dans ses baskets. Un de mes aînés est vraiment très mal à l'aise avec le contact physique il refuse globalement les câlins et bisous. J'essaie de respecter ce besoin ( ce refus,) mais c'est difficile pour moi... j'essaie de trouver le bon niveau d'ouverture sans imposer ..

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